KFC, sauveur du monde moderne

Published on by Etienne

KFC (Kentucky Fried Chicken), pour ceux qui n'ont jamais eu la chance et le plaisir de vivre la plus belle arnaque de leur vie, est une chaîne de fast-food dont le met principal est le poulet douteux, assorti de frites au tein si pâle et au goût si peu évident qu'elles semblent avoir crié suffisament fort qu'on leur a épargné le châtiment du bain d'huile bouillante. Mmmhhh je vois déjà vos petites frimousses toutes impatientes de foncer au KFC le plus proche et d'y découvrir tous les bienfaits de la mondialisation!

Ce matin, chatouillé par un timide rayon de soleil et enfoncé dans le fauteil du salon, après un petit-déjeuner bien mérité par une nuit de sommeil éreintante, je feuilletais les pages du "Kentish Express", torchon hebdomadaire du Kent dont on reçoit ici l'édition d'Ashford. On y parlait encore des "potholes", ces trous dans la route causés par le gel cet hiver. Je crois qu'on a pas le problème en France puisqu'on utilise pas les mêmes revêtements. Quoiqu'il en soit, des centaines de trous se sont formés au passage de l'hiver sur ces nouveaux revêtements qui sont un aggloméré de graviers et non du goudron. Moins cher au départ mais finalement l'addition va piquer un peu. Ces trous résultent de l'infiltration de l'eau dans la route, se faufilant tel un serpent equatorien parmis les graviers puis que l'hiver fait ensuite geler... et PAF!
Non, ça ne fait pas des Chocapics, ça fait des gros trous dans la route pouvant aller jusqu'à 15 cm de profondeur. En revenant de Canterbury cet hiver, notre pneu avant gauche y a laissé la vie ; l'assurance a payé les obsèques. Les assureurs ne peuvent pas être tout à fait mauvais.
Dans ma rue, Albert Road, on compte 10 "potholes" les uns à la suite des autres, obligeant les automobilistes à serrer un maximum à droite pour ne pas ruiner leur roues.
La réparation consiste à reboucher le trou du même revêtement. Il y a donc fort à parier que ces actions dites de réparation se réveleront parfaitement inutiles à moyen et long terme. Eh non, on ne peut pas aller contre les lois de la nature.

A Ashford, un élu a eu l'idée de proposer aux citoyens d'acheter un "pothole" (finançant ainsi sa réparation) et de le mettre au nom de leur chien pour lui rendre hommage. L'idée m'a bien fait rire mais après tout, si ça permet d'amasser des sous-sous dans la po-poche, pourquoi pas.
Dans le Kentucky, aux Etats-Unis où le même problème est apparu, KFC a proposé à la ville de prendre en charge toutes les réparations sous la seule condition que le trou rebouché serait recouvert d'une inscription à la bombe de peinture : "Refreshed by KFC" ("Rafraîchit par KFC").

refreshed-by-kfc.jpgKentucky, Etats-Unis

C'est une idée maline et imaginative mais cela m'effraie.
En effet, cette action de KFC pose des questions fondamentales pour notre société et son espace public.
  • Est-ce qu'une marque ne devrait pas rester dans le cadre de sa légitimité ? (KFC a des restaurants = il fait de la pub dans ces restaurants)
  • Jusqu'où peut aller la publicité ?
  • Ne doit-elle pas être contenue dans les espaces qui lui sont dédiés ?
  • Est-ce qu'on a envie de voir de la publicité partout ?
Cet exemple me fait penser que tout est possible pour une marque qui en a les moyens et au-delà de la peur que cela m'inspire, j'en ressens un dégoût très fort.
Je suis passionné par la publicité dans ce qu'elle a de créative et d'imaginative.
Mais je n'aime pas être un pantin, articulé par des multi-nationales prêtes à tout.

Je vous propose un court métrage qui parle de lui-même (on dit merci Gérald), intitulé Logorama.
Ce n'est que la première partie, un lien vers la seconde s'affichera à la fin. Il dure 15 minutes, prenez ce temps, vous ne le regretterez pas. Et puis est-ce que je vous ai déjà déçu ?

Alors voilà : une ville entièrement recouverte de publicité, des palmiers aux lampadaires jusqu'au trottoirs en passant par les nuages.
Est-ce le monde dans lequel on veut vivre ?
On est vraiment pas loin de ce qui est montré dans le court-métrage, c'est bien pour ça qu'il a été réalisé.
On subit la publicité, on ne la choisie pas. C'est pareil sur Internet, voire même pire.

La publicité n'a-t-elle aucune limite de propagation dans l'espace public ?
Et l'esprit d'initiative du citoyen dans tout ça ? Et sa force de résistance ?

picadilly.jpgPicadilly Circus, Londres

KFC, en payant ces réparations dans le Kentucky, se fait bien voir de la population et des municipalités, même si cette initiative semble être à double tranchant. Les citoyens ne doivent pas être tous stupides et quand l'enseigne de fast-food laisse son empreinte sur la route, ils se doutent que c'est pour "se faire de la pub". Pour autant, KFC reste dans les esprits en faisant ça et va même répéter sa présence quotidiennement à ceux qui passeront sur les routes réparées.
KFC s'associe à une action quasiment d'utilité publique. Il faut bien se rendre compte que ces trous dans la chaussée sont une véritable plaie et que nombreux sont ceux qui en ont payé les conséquences. L'opération a couté 3000$ à l'enseigne, autant dire des clopinettes, mes chers amis.
Les villes qui ont besoin d'argent vont se frotter les mains de telles initiatives, et le maire d'une commune au Canada a déjà sauté sur l'occasion. Or, dans ce contexte plutôt tumultueux question économie, il y en a plus d'un qui risque d'être intéressé.
pub-yahoo-time-square-copy-1.pngTime Square, New York

Quand nos enfants lèveront la tête vers le ciel, ils n'auront pas besoin d'imagination pour voir un lapin gambader ou une sirène poursuivie par un hamburger ; la chimie s'en sera chargée. Elle offrira dequoi imprimer les nuages et de faire en sorte qu'ils ne s'altèrent pas sous l'effet du vent. L'océan aussi sera sponsorisé, même les poissons nageront aux couleurs de McDonald's ou IBM, enfin... s'il en reste d'ici là. De France, quand le soleil se lèvera, on pourra lire dessus : "Ricoré". Quand il se couchera : "Bonne nuit, avec Simmons".
Toute la journée dans le ciel on pourra lire le programme télé et garder un oeil sur l'évolution de la Bourse.

tokyo.jpgTokyo, Japon

Ce qui me fait peur c'est qu'il n'y absolument aucune limite à l'insertion de logos dans nos villes. Les évolutions urbaines peuvent tout à fait les accueillir voire même les prendre en compte.


En France, le Maire de Forcaliquier (c'est où ça?) a décidé en juillet dernier de bannir la publicité de son territoire.
(Cette phrase était censée contenir un lien vers un article évoquant cette initiative, mais visiblement mon ordinateur ou la connexion ne le veut pas. Alors vous irez chercher par vous-même pour en savoir plus!)

Je vous parle aussi rapidement d'une autre initiative, lancée en 2007 par le Clan du Néon.
(ça marche toujours pas, donc je vous donne le lien : http://clanduneon.over-blog.com
je réparerais tout ça dès que possible)
Le principe est simple, abaisser le levier des boîtiers Néon accrochés aux murs à l'extérieur des magasins pour ne pas que le néon de l'enseigne brille toute la nuit. C'est un acte simple et revendicatif, facile à pratiquer, le nombre de ses acteurs est donc allé en augmentant depuis le lancement de ce Clan à Paris. Des antennes ont ensuite vu le jour en province dont une à Grenoble qui s'est illustrée par l'invention de la Canne à Watt, qui est une canne à pêche munie d'un crochet à son extrêmité et d'un bouchon en liège (il s'agirait de ne pas se tuer). Elle évite des acrobaties parfois dangereuses pour atteindre les boîtiers qui se situent souvent assez haut. Ils ont également réalisé un court-métrage sur leurs actions.
Voici la vidéo d'un éteigneur à Grenoble

L'action est pertinente lorsque les éteigneurs laissent un tract ou feuille expliquant les raisons de cette action aux commercants dont ils ont éteint le néon. Malheureusement tous le font pas. L'objectif est d'inviter les commercants à régler leur néon sur une minuterie pour que leur lumière n'innonde pas la rue toute la nuit de cette triste lumière blanche.
L'idée est partie d'un constat évident : en ville, on ne voit plus les étoiles.

Au-delà de l'économie d'énergie qui n'est pas très significative pour le commercant, il s'agit de mettre en lumière les enjeux de ces intrusions visuelles dans le paysage urbain la nuit. Est-ce que laisser une vitrine allumée va toucher tant de gens que ça ? Quand Lacoste laisse sa boutique allumée même après minuit, qui passe devant ? Et sur ceux qui y passent, combien vont s'intéresser à la vitrine ? Et sur ceux qui s'y intéressent combien vont revenir ?
Le jour on a pas le choix, il faut les voir.
Mais au moins laissez la nuit aux étoiles, s'il vous plaît.

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Comment on this post
R
<br /> Ah mais si, les "nids de poule" existent aussi en France, j'ai vu une reportage au journal de France 2 sur ce sujet, paraît-il qu'ils sont apparus en bien plus grand nombre cette année suite à la<br /> neige et au gel. Même si dans l'ensemble, l'état des routes en France est meilleur qu'en Angleterre.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> dis donc l'anglais, tu commences à perdre ton latin (enfin ton français)! et les fautes d'orthographe alors???!!! ah là là tout se perd...;-)<br /> <br /> <br />
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