Un jour de foot

Published on by Etienne

Aujourd'hui je suis allé au stade.
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Je suis allé à Londres, au White Hart Lane où évolue l'équipe de Tottenham, en première division anglaise.
Mark étant à Newcastle pendant deux semaines pour son travail, un billet pour le match s'est trouvé sans propriétaire et j'ai donc été Mr Goodwin l'espace d'un match, puisque c'était écrit sur le billet. Il n'aurait pas fallu qu'on me demande la carte de membre parce déjà Mark était parti avec et en plus je ne suis pas persuadé que ça serait passé. Il m'avait dit : "Si on te parle, prend ton meilleur accent anglais" avant de confier que si je voulais vraiment être lui il fallait que je vienne au stade avec un pack de bière, une fille sous chaque bras et que j'aille parier. Bon là ça commencait à faire beaucoup.
Et puis en fait c'est passé fingers in the nose. J'avais fièrement revêtu un maillot de Tottenham que j'avais empreinté à Mark et en passant le contrôle des billets, j'ai ouvert ma veste pour le mettre en évidence, histoire de gagner en crédibilité. On sait jamais.

White Hart Lane est un gros bloc qui mêle brique jaune et armatures en métal. Un vieux stade qui n'en a pas tant l'air, au coeur d'un quartier où l'on vient seulement les jours de match, et croyez-moi c'est déjà pas mal. Les immeubles sont aussi laids que peuvent l'être des batîments fatigués, écorchés, tristes et poussiéreux. Les très nombreux garages automobiles apportent un brin de vie à ce tableau terne mais eux-mêmes semblent ne pas vraiment y croire. Le lourd ciel gris londonien pèse de toutes ses forces en ce samedi sur un quartier déjà rampant. Bienvenue à Tottenham!
Le stade compte des dizaines de petites entrées individuelles dont l'étroitesse vous interdit d'avoir abusé du Royal Maxi Best Of. Peut-être est-ce pour empêcher les gros de rentrer. Ou alors pour forcer les gros à se mettre au régime. Il faut passer de profil le tourniquet après avoir montré son billet, mais même sans être obèse, franchir ce passage peut vite devenir un problème. Bon, comme je suis sculpté à l'image d'un dieu de l'Olympe, tout s'est bien passé pour moi et aussi pour Jonathan (le frère de Mark), Claire sa fiancée (du frère de Mark), sa soeur (de la fiancée du frère de Mark) et son père (de la soeur de la fiancée du frère de Mark). Ahah je vous embrouille, hein!

IMGP2181Paul Robinson, gardien de Blackburn

Nous voilà donc entrés dans le stade et on se trouve sous les tribunes à ce moment-là. On attend un peu, les anglais rejoignent leurs places à la dernière minute, contrairement en France par exemple où les supporters viennent davantage en avance, paraît-il. Ensuite, je les suis et on monte un petit escalier qui nous fait tomber sur deux plots de chantier mais avec chacun un bonnet et tous les attraits d'un corps humain. Oh! Des stadiers! "Ca vous va bien cette teinte, mais enfin c'est quand même très orange, nan ?". Non, je ne leur ai pas dit, ils doivent le savoir. En arrivant en haut de ces quelques marches ma première impression en voyant le terrain est : "Ca fait plus petit qu'à la télé". Pour cause, on était situé derrière le but et je ne vous apprendrais rien si je vous disais que les distances sont écrasées par une illusion d'optique. Ma deuxième impression est la suivante : "Le pelouse est tellement belle qu'on aurait envie de se rouler dedans".
On s'assoit, on attend quelques minutes puis c'est l'entrée des équipes sur le terrain sous les "Clap clap clap" des 35 474 spectateurs. Tottenham joue dans sa couleur, le blanc, et Blackburn joue en bleu marine.
La première mi-temps on a Blackburn de notre côté dont leur gardien, Robinson qui joue pour l'équipe nationale anglaise mais n'est pas numéro 1 puisque d'après ce que j'ai compris ils n'ont pas de numéro 1. Sacrés anglais. Tout ça pour dire, dès que Robinson est arrivé dans son but tous les supporters de ce côté-ci du stade on commencé à chanter : "Number one, number one, England, England, number one!". Ce qui m'a étonné c'est que les supporters de Tottenham acclament le gardien de l'équipe adverse mais j'en ai déduit qu'ils le voulaient comme gardien numéro 1 en équipe nationale et aussi qu'ils l'aimaient beaucoup! Comme quoi le football peut être beau. Robinson applaudit la tribune pour les remercier de leur soutien. Ce chant, les supporters l'entonneront encore avant que quelques minutes plus tard Robinson se blesse et soit contraint de céder sa place à son remplacant, Brown, numéro 32, qui entrera sous les sifflets et se verra offert un remake du chant précédent, qui donnera : "Thirty-two, thirty-two, England, England, thirty-two". Ca y est, le football n'est déjà plus beau. Mais c'était marrant! Le pauvre mec, il a rien demandé et il doit subir toute une tribune derrière lui qui le déscend! C'est l'amour du sport...hem!

IMGP2203Coup franc joué par Gomes, le gardien de Tottenham

Le match commence et il se produira bientôt un étrange phénomène : le football est captivant. Je vous jure. Le fait que de notre point de vue les dimensions soient écrasées, on a sans cesse l'impression que le danger est iminent, ce qui contribue à maintenir la foule à température!
Mais là il faut que je vous précise un élément à prendre en considération.
L'Angleterre à connu dans les années 70 un accident sans précédent lors d'un match. A cette époque, les tribunes basses étaient équipées de sièges et dans les tribunes hautes, les supporters étaient debout. Tout était réunit pour un beau gros accident qui a eut lieu dans la tribune haute d'un stade. Malheureusement je ne connais pas les détails mais tout ça pour dire que depuis il existe une loi qui interdit aux supporters de se lever dans les stades. Voilà la raison pour laquelle il n'y a pas de barrière entre le terrain et les tribunes, car on part du principe que les supporters sont calmes. Cela étant dit, vous vous imaginez bien qu'un supporter, par définition, ça ne reste pas assis. Donc quand tout le monde se lève, car tout le monde juge le danger iminent (= quand le ballon franchit la moitié de terrain!! rappelez-vous l'illusion d'optique!), les stadiers doivent nous demander de nous rassoir. Mais étant eux-mêmes supporters de Tottenham, ils regardent d'abord l'action avec nous et ensuite ils nous invite à "take a seat". Ce qui donne tout au long du match : debout, assis, debout, assis, debout, assis, non, pas couché, debout, assis. Mais il faut les comprendre ces footeux, on a vraiment l'impression que le joueur il est à portée de main alors qu'en fait il est à 40 mètres du but. C'est pas de notre faute, c'est l'illusion d'optique!
IMGP2219Gomes impérial dans ses buts sur un corner de Blackburn

Tottenham a gagné 3-1 et conforte sa 4ème place au classement derrière Chelsea, Manchester United et Arsenal, tous les trois hors d'atteinte.

Aller voir ce match m'a passioné. Premièrement parce que Tottenham est une équipe très agréable à regarder, même à la télé. Deuxièmement parce que voir du foot en vrai c'est quand même autre chose. Troisièmement parce que se sentir au sein d'une telle ferveur ne laisse pas indifférent. Quand Pavlyuchenko a marqué son deuxième but pour Tottenham, c'était de l'autre côté du terrain et dès qu'il a poussé le ballon au fond des filets, j'ai vu tous les supporters de toute la tribune lever tous leurs bras au ciel en criant : "Yeeeaaaahhhhh!!!". C'était absolument incroyable à voir et à en entendre. L'expression "se lever comme un seul homme" prend tout son sens. Je revois encore cette image et pour moi voilà ce que c'est qu'aller voir un match de foot : 30 000 personnes unies par une équipe. Le stade chante pendant 90 minutes et pas besoin de speaker pour mettre l'ambiance. J'en profite pour glisser une remarque pour Roman Age qui me disait dans un de ces commentaires qu'il n'aimait pas au handball la banalisation des buts du fait de leur nombre. Il faut bien avouer qu'au foot, un but ça vaut énormément, et on le ressent particulièrement quand on est dans le stade.

IMGP2209Les supporters de Tottenham entonne un chant à l'honneur de Gomes, qui ne manque pas de les remercier

Le football peut être d'un ennui mortel à la télévision comme il peut se révéler extrêmement attractif et vibrant quand on le boit à sa source, au stade. Je crois qu'il ne peut s'envisager réellement que de cette manière. La télévision évidemment est indispensable, mais je conseille à tous ceux qui comme moi, se sont désinteressés de ce sport ou qui le trouve ennuyeux à la télévision, d'aller voir un match en vrai. Je garderais un excellent souvenir de cette expérience, et comme on dit si bien là-bas : "Come on you Spurs!" (surnom de Tottenham).

Pour des milliers de supporters, c'est une habitude de venir soutenir leur équipe, même quand elle joue contre les 12ème du classement. Pour moi, c'était la deuxième fois que j'entrais dans un stade de foot pour voir le PIB de la Croatie en action ($62m), depuis que j'ai débarqué sur terre. Le premier c'était Le Havre-Nantes (PIB de la Seine Maritime), à l'époque où ils étaient en première division, et à l'époque où on appelait encore ça "première division"! J'avais 10 ans, aujourd'hui j'en ai le double et rien n'a changé, le football reste magique à regarder. Cela dit, le match d'aujourd'hui était quand même mieux, aucune offence pour le football français. Quoique... ?!

Bien à vous.

Je vous donne les liens des vidéos (très courtes) que j'ai faites pendant le match, ça prendrait trop de place de les mettres dans l'article. Vous aurez une idée de l'endroit et de l'ambiance comme ça!
Tottenham v. Blackburn 1
Tottenham v. Blackburn 2
Tottenham v. Blackburn (but de Blackburn)
Tottenham v. Blackburn 4



"L'esprit d'équipe ? C'est des mecs qui sont une équipe, ils ont un esprit ; alors ils partagent!"
Coluche

Published on Ma vie anglaise

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