La conduite de la guerre
Le 20 mars 2003, les forces armées américaines et britanniques envahissent l'Irak, sans mandat de l'ONU.
La raison invoquée a été la présence soupçonnée d'armes de destructions massives dans le pays.
L'autre raison était de faire tomber Saddam Hussein.
Il tombera trois semaines plus tard et la troisième guerre du Golf se termine officiellement le 1er mai 2003, la suite étant considérée comme de l'occupation.
Symbole de l'éfficacité éclaire de la chute du régime de Saddam Hussein, à la vue du monde entier
En 7 ans, l'Irak est devenu le plus gros terrain d'entraînement et de formation des djihadistes, devant le Pakistan.
En envahissant sa terre, les américains se sont d'une part mis à dos le peuple irakien, et ont d'autre part créé puis alimenté un sentiment de rejet et de haine chez lui à l'encontre des forces d'occupation.
Pour faire simple : un bon soldat américain est un soldat mort (ou en tout cas pas ici)
A coups de drones, avions, hélicopters, HUMVEE, roquettes, missiles, grenades, mitraillettes, pistolets, ... la coalition alliée (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon, Corée du Sud, Espagne, Italie, Pologne) anéantit un pays qui fut jadis une terre prisée des vacanciers orientaux. Les rives de l'Euphrate, avec sa végétation luxuriante en faisaient une terre calme et magnifique.
Il faut également se rappeler que l'Irak se trouve sur l'ancienne Mésopotamie, berceau de la civilisation sumérienne, mère de l'écriture.
Une guerre disproportionnée :
l'AV-8B Harrier, utilisé à Haditha pour abattre deux irakiens qui s'étaient enfermés dans une maison
William Langewiesche est un écrivain et journaliste américain né en 1955.
Dans son très court ouvrage intitulé "La conduite de la guerre" (Editions Allia, 2008), il peint un rapide portrait de cette guerre d'Irak et de l'absurdité incroyable qu'elle revêt. En un mot : elle est inutile et ne va nulle part.
Le livre s'ouvre sur ces lignes :
"Le 19 novembre 2005, à Haditha, lors de la troisième mission en Irak de la compagnie Kilo, une mine terrestre déposée par des rebelles explosa au passage d'un véhicule de l'armée américaine, tuant un Marine âgé de vingt ans. Le massacre des vingt-quatre Irakiens -hommes, femmes et enfants- qui s'en suivit ne fut pas tout à fait une anomalie. Ces actes ont trouvé leur origine dans la conduite meme de la guerre."
Vers la fin de l'ouvrage, l'unique survivante du massacre, une jeune fille de 13 ans, raconte :
" Papa a été touché en plein coeur. Il avait 43 ans.
Maman a été touchée à la tete et à la poitrine. Elle avait 41 ans.
Tata Houda a été touchée à la poitrine. Elle avait 27 ans.
Ma soeur Nour a été touchée à droite de la tete. Elle avait 15 ans.
Ma soeur Saba a été touchée dans l'oreille. Elle avait 11 ans.
Mon frère Mohammed a été touché à la main et je ne sais pas où ailleurs. Il avait 10 ans.
Ma soeur Zainab a été touchée à la main et à la tete. Elle avait 5 ans.
Ma soeur Aicha a été touchée à la jambe et je ne sais pas où ailleurs. Elle avait 3 ans."
La famille qui s'était regroupée dans une meme pièce au moment de l'assaut américain s'est faite grenadée et mitraillée par les soldats de la compagnie Kilo qui tueront ce jour-là 24 Irakiens.
En 2006, le nombre de morts Irakiens était estimé à 655 000, seulement trois ans après l'invasion américaine
Al-Quaida utilise une vidéo du massacre pour recruter de nouveaux membres au sein de ses réseaux terroristes.
La violence engendre la violence, et voilà pourquoi cette guerre se mord la queue.
William Langewiesche met ces actes en perspectives avec la dimension humaine, indissociable de ces hommes envoyés pour faire la guerre. Lorsque que le Marine qui conduisait le véhicule touché par la mine réatterrit à terre après avoir été projeté en l'air par l'explision, ses jambes sont séparées du reste de son corps et il se vide déjà de ses entrailles. Il meurt sur le coup.
Face à la perte d'un des leurs, d'un ami, d'un "frère d'une autre mère" comme ils s'appellent entre eux, les soldats de la compagnie Kilo ne réfléchissent pas, il ne veulent qu'une chose : venger la mort de leur frère.
En 2008, le nombre de soldats américains tués en Irak était de 4000
Je vous invite vivement à lire ce livre. Il n'y est pas uniquement question de descriptions maccabres, c'est le seul passage où c'est le cas. Il est très court, tout petit, il tient dans la poche, il coute 3€, alors n'attendez pas : achetez-le!
Soutenez la classe américaine qui pense et réfléchit, elle le mérite.
Le coût de la guerre en temps réel
Avant ça, vous pouvez déjà aller sur la page wikipédia qui est consacré à cette guerre et remplir votre devoir de garder les yeux ouverts.